Dans ce contexte législatif renforcé, comprendre ce qu’est le design inclusif, comment il diffère du cadre légal, et surtout comment ces deux approches peuvent se compléter, devient essentiel. Le design inclusif permet non seulement de répondre aux critères imposés par la loi, mais aussi de créer des expériences numériques réellement universelles, accueillantes, et adaptées à une diversité d’usages bien plus large que ce que la conformité seule garantit.
Qu’est-ce que le design inclusif ?
Le design inclusif est une approche de conception qui considère dès le départ la multiplicité des profils, des capacités, des contextes d’usage, et des besoins, qu’ils soient permanents, temporaires, ou même inattendus. Il s’agit de dépasser la logique de « correction après coup » pour intégrer la diversité comme principe moteur. Cette démarche s’appuie sur l’empathie, la co-conception avec les utilisateurs, la flexibilité et une volonté de penser plusieurs parcours utilisateur.
Les recherches récentes montrent que le design inclusif prend en compte plus que les handicaps traditionnels. Il intègre les différences culturelles, linguistiques, les capacités cognitives variées, les contextes environnementaux (pieds de soleil, bruits, etc.), les usages temporaires (blessures, fatigue, etc.), voire les usages émotionnels ou sociaux.
Chez Microsoft, la conception inclusive suit trois étapes : reconnaître qui est exclu, apprendre des besoins variés des utilisateurs, puis résoudre un cas précis et généraliser la solution au plus grand nombre. Des entreprises comme Fenty Beauty ou Headspace illustrent cette approche : Fenty avec une gamme de couleurs de peau très vaste, Headspace avec des contenus adaptés aux divers rythmes et capacités de concentration.
Le design inclusif ne se contente pas de rendre un produit utilisable, mais vise à ce qu’il soit apprécié, utile et pertinent pour tous. Cela touche à l’ergonomie, à la lisibilité, au langage, au contraste, à la navigation, mais aussi aux modalités de personnalisation.
La loi du 28 juin 2025 & le RGAA : ce que ça change
La transposition française de la directive européenne EAA (European Accessibility Act), entrée en vigueur le 28 juin 2025, élargit le champ d’application de l’accessibilité numérique. Jusqu’alors, seules les grandes entreprises et les services publics étaient concernés.
Désormais, certaines entreprises privées doivent aussi s’y conformer, notamment celles comptant plus de 10 salariés ou réalisant plus de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.
Le RGAA (Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité) reste le cadre technique de référence. Il adapte les normes internationales WCAG au contexte français et fixe des critères précis : alternatives textuelles, navigation au clavier, contraste des couleurs, structure logique des contenus, etc.
Les sites et services existants disposent d’un délai jusqu’en 2030 pour se mettre en conformité avec ces nouvelles exigences renforcées.
Similitudes entre design inclusif et RGAA
Le design inclusif et le RGAA convergent sur plusieurs principes. Ils visent tous deux à améliorer l’expérience utilisateur en réduisant voire éliminant les barrières d’usage. L’accessibilité web n’est pas seulement bénéfique aux personnes en situation de handicap : la clarté, la lisibilité, la cohérence, le bon contraste des couleurs, le bon comportement sur mobile, sont autant d’éléments qui profitent à tous les utilisateurs — seniors, personnes neurodivergentes, locuteurs non natifs, etc.
Un autre point commun est le cadre méthodologique : qu’il s’agisse du RGAA ou du design inclusif, il faut des tests utilisateurs, des audits, des retours d’expérience, des outils d’évaluation, et des itérations régulières pour corriger les faiblesses. Le RGAA propose un kit d’audit, des guides pratiques, une déclaration d’accessibilité obligatoire, des critères mesurables. Le design inclusif complète ces outils avec une vision plus large, une démarche proactive, la participation directe des utilisateurs divers.
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Différences fondamentales
L’une des différences majeures réside dans le statut légal : le RGAA est obligatoire pour les entités concernées, tandis que le design inclusif reste une démarche volontaire. Le RGAA fixe un niveau minimal de conformité, des critères techniques précis, mais ne dicte pas toujours la manière d’aller plus loin en termes d’expérience utilisateur. Le design inclusif, quant à lui, ne se contente pas du minimum légal ; il cherche à améliorer la qualité, l’engagement, l’adaptabilité.
Une autre distinction tient à la méthodologie : RGAA = conformité, checklist, vérification. Design inclusif = vision, principes, co-conception, personnalisation, itérations centrées utilisateur. Le RGAA peut devenir une contrainte perçue comme une case à cocher si elle est appliquée sans intégration dans le projet global. Le design inclusif implique souvent des phases exploratoires plus longues, des idées innovantes, parfois des compromis de conception, mais qui visent une meilleure expérience à long terme.
Par ailleurs, le périmètre d’action est différent. Le RGAA s’applique principalement aux aspects techniques (accessibilité pour les personnes handicapées selon des critères normés). Le design inclusif couvre tous les types de diversité — âge, culture, langue, « handicap temporaire », usage en mobilité ou en environnement difficile. Il cherche à anticiper les usages non standardisés ou les usages émergents.
Comment articuler les deux approches pour maximiser l’impact
Pour qu’une entreprise ou organisation bénéficie à la fois de la solidité du cadre légal et de la richesse du design inclusif, l’idéal est de construire une stratégie combinée. D’abord, on doit assurer la conformité RGAA comme socle. Cela passe par un audit, la mise en conformité des critères techniques, la formation des équipes, la nomination d’un responsable accessibilité, etc. Ensuite, le design inclusif entre en jeu : identifier les usages atypiques, utiliser la co-conception avec des personnes diverses, prévoir des modes personnalisés (taille de texte, contraste, vitesse, etc.), tester dans des contextes variés.
Des recherches récentes proposent des cadres qui permettent d’injecter la flexibilité dans la conformité. Par exemple, un papier 2025 propose un « Comfort Mode », qui permet à l’utilisateur de personnaliser contrastes, typographie, motion etc., afin de concilier esthétique, identité de marque et besoins personnels d’accessibilité. Autre projet : “Human-in-the-Loop Optimization”, qui combine automatisation, retours utilisateurs, ajustements dynamiques pour améliorer les interfaces de manière continue.
Intérêt business : ce que ça rapporte vraiment
La mise en conformité légale seule protège contre les sanctions, mais le design inclusif apporte des bénéfices concrets. D’abord, il élargit le marché : les personnes âgées, celles en situation de handicap, avec des troubles cognitifs ou utilisant massivement le mobile représentent un public souvent négligé, mais à fort potentiel. Ensuite, il optimise le référencement naturel (SEO) : une structure HTML claire, des balises bien renseignées, un contenu organisé et des alternatives textuelles renforcent la visibilité. Plusieurs analyses sur la nouvelle loi soulignent d’ailleurs ce levier comme facteur clé d’adoption. Il réduit aussi les frictions dans les parcours utilisateurs : formulaires simplifiés, langage clair, lisibilité renforcée et adaptation aux usages (luminosité, appareils, contexte) améliorent les taux de conversion et la satisfaction client, tout en diminuant les besoins de support. Enfin, il valorise l’image de marque et la responsabilité sociale (RSE) : une entreprise qui agit pour l’inclusion renforce la confiance de ses clients, partenaires et collaborateurs, un avantage différenciant notamment dans les marchés publics et les appels d’offres.
Conclusion
Le RGAA et la loi du 28 juin 2025 fixent les bornes légales : ce sont des règles indispensables pour garantir l’accessibilité numérique et éviter les sanctions. Le design inclusif, lui, pousse vers l’avant : il ne se contente pas de répondre au cadre, il élargit la question, améliore l’expérience, et construit une relation utilisateur plus riche. Ensemble, conformité et inclusion forment une stratégie solide : respect de la loi, crédibilité, performance, empathie.
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